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Lettre ouverte, à l’ARVI, à la FDCL, aux coopératives, aux acheteurs de lait,

 Lettre ouverte, à l'ARVI, à la FDCL, aux coopératives, aux acheteurs de lait,

Mesdames, messieurs,

La crise du Coronavirus frappe de plein fouet l'agriculture des Savoie et particulièrement les producteurs laitiers. Dans ce contexte nous tenons à réaffirmer la nécessité d'une réponse collective pour sauvegarder nos filières et ne pas voir disparaitre un seul paysan dans notre département.

Face à l'effondrement des marchés auxquels nous sommes confrontés, nous attendons de l'ARVI et des coopératives des mesures fortes mais justes. La première réunion de crise il y a deux semaines nous a permis de partager le constat d'une nécessaire baisse de la production laitière dans les Savoie autour de 20% en zone AOP*, 10% en zone IGP*. Nous soutenons cette réduction mais pas les moyens de sa mise en œuvre.

La Confédération Paysanne s'oppose à ce que la baisse de 20% soit prise sur une référence nouvelle (date du 15 mars, référence des 15 premiers jours de mars, mois de mars 2019 etc.). La filière laitière savoyarde s'est dotée d'outils de régulation avec le lait A et le lait B qu'il faut utiliser. Il ne s'agit pas d'oublier ces mécanismes construits collectivement le jour où ils sont le plus nécessaire.

Ainsi nous demandons que les efforts de réduction de production soient réalisés par la mise en place d'un prix du lait B dissuasif. Le prix et les volumes du Lait A doivent être maintenus dans un premier temps, l'ajustement doit se faire sur les excédents des volumes de référence. La majorité des fermes de nos départements ont fait le choix de se tenir à ces références. Il est inacceptable que ces fermes subissent la même contrainte que celles qui ont fait le choix d'augmenter leurs productions pour profiter des prix du lait B avantageux jusqu'à début mars. Dans ce sens les coopératives et les fromagers doivent aussi prendre leurs responsabilités puisqu'ils ont incité les agriculteurs à dépasser ces références.

De plus, il est nécessaire que des mesures spécifiques soient prises pour les agriculteurs qui ont fait le choix de systèmes en agriculture biologique. En effet, dans cette branche il semble que les marchés restent sains pour l'instant. Par ailleurs, liés par un cahier des charges supplémentaires ceux-ci n'ont pas les mêmes marges de manœuvre pour diminuer leurs productions. Par exemple utiliser du lait pour nourrir les veaux plutôt que du lait en poudre est impossible puisqu'ils n'utilisent pas ces laits en poudre. Des dispositions spécifiques sont donc à imaginer.

Face à la crise qui nous frappe, la Confédération Paysanne demande donc que nous utilisions les outils mis en place par la filière pour l'amortir :

- Le rétablissement d'un prix du lait A et B clairement différencié avec un maintien du prix du lait A et un prix du lait B au niveau du prix de dégagement.

- Si nécessaire, l'utilisation du coefficient d'ajustement qui peut faire varier la référence A.

- La mise en place de mesures spécifiques pour les fermes en Agriculture Biologique.

Ces mesures permettront de faire jouer une réelle solidarité dans la profession et diminuer la surproduction actuelle. Les coopératives et fromagers qui refusent d'appliquer la régulation avec du lait B porteront la responsabilité de faire chuter le prix du lait A dans toutes nos filières fromagères AOP* et IGP*. Nous appelons toutes les coopératives à créer des fonds de solidarité pour venir en aide aux producteurs en difficultés économiques.

Bien cordialement,

La commission lait de la Confédération Paysanne de Savoie et de Haute Savoie.