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20.04.2020

En Savoie, les dérogations sur l'épandage des pesticides avancent masquées.

20.04.2020 -

 L'inquiétude grandissante des riverain.e.s de parcelles agricoles traitées est une expression de la prise de conscience collective du danger des pesticides. Les conséquences sanitaires et environnementales des pesticides sont désastreuses pour l'ensemble de la population et ont des coûts considérables pour la société : indemnisation des maladies, dépollution des eaux, etc. L'amplification de la contestation a placé légitimement le débat sur les pesticides au premier plan. Mais la seule réponse qui se dessine est celle des chartes d'engagement (charte riverain) pour la bonne utilisation des pesticides - loin d'être à la hauteur de l'enjeu. Pour nous, ces dispositifs servent avant tout à pacifier le terrain sans permettre la transformation du modèle agricole et donc sans protéger réellement la population. En parallèle, des maires prennent des arrêtés d'interdiction de pesticides ou de mise en place de zones de non-traitement (ZNT) sur leurs communes. Ces initiatives locales sont le résultat de l'absence de réponse et de prise en charge par les gouvernements successifs de la problématique des pesticides et de leur dangerosité.

Actuellement, la Chambre d'Agriculture Savoie Mont Blanc poussée par les syndicats FDSEA*-JA* s'active pleinement à la mise en place d'une charte riverain (qui est une procédure administrative de dérogation afin de réduire les distances d'épandages liées aux ZNT). La Confédération paysanne a longuement dénoncé ces chartes d'utilisation des pesticides. Dans le même temps, le ministère de l'agriculture semble avoir donné la possibilité de déroger aux distances prévues pour les ZNT à proximité des habitations.  Cet "arbitrage" n'est pas une surprise, mais la poursuite des petits arrangements (quelques mètres exactement) entre le ministère de l'agriculture, la FNSEA* et l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP*). Il montre également le manque d'ambition du ministère de l'agriculture dans sa gestion de la problématique des pesticides, pourtant majeure pour la santé des populations. D'autant plus en cette période d'épidémie sanitaire où la question de la pollution de l'air par l'agriculture est régulièrement questionnée comme un facteur potentiellement aggravant pour les populations. Dans l'article de Reporterre ICI « La DGAL* explique cette décision : il s'agit d'un « arbitrage » rendu à la suite des « demandes de la profession agricole de pouvoir appliquer les réductions de distance même si les chartes ne sont pas soumises à concertation ».

La meilleure manière de protéger la santé des paysans.nes et de la population en général est de permettre au monde agricole de s'affranchir des pesticides. Pour la Confédération paysanne, on ne protégera les riverains qu'en protégeant aussi les paysans. Cette problématique des pesticides doit donc être un levier de transformation des politiques publiques et des pratiques agricoles. C'est pourquoi nous demandons immédiatement la fin des tous les pesticides cancérogènes mutagènes reprotoxiques (toutes catégories) et des perturbateurs endocriniens sur l'ensemble du territoire.

Ces interdictions doivent être accompagnées de mesures économiques fortes (aides à la transition vers des systèmes économes en pesticides, aides à l'Agriculture Biologique, structuration de filières locales, etc) et commerciales (fin des accords de libre-échange, arrêt des importations de produits traités à des pesticides interdits en France, prix minimum d'entrée sur le marché national, etc). Un soutien massif aux paysan.ne.s est aussi indispensable pour leur permettre de généraliser les alternatives aux pesticides, de changer leurs pratiques, de relocaliser l'agriculture et de vivre de leur métier. Car c'est bien une meilleure valorisation de leur production qui leur permettra d'engager les changements techniques sur leurs fermes.

CONTACT : Thierry BONNAMOUR, porte-parole de la Confédération paysanne de Savoie :06 19 06 21 65.


Crédits photos : CPN
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