Des terres sauvées aux portes de Montpellier

23.02.2022 -

Le 25 septembre 2020, mobilisation sur le site et les terres menacées, avec la participation de Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne.

Le 5 décembre 2021, les opposant·es à un projet commercial menaçant 24 hectares de terres ont célébré une double victoire : l’abandon du projet Oxylane, porté par Décathlon (groupe Mulliez), et le reclassement des parcelles menacées en zone agricole.

Après sept ans de mobilisation, le projet Oxylane, zone « ludo-commerciale », initié par Décathlon à Saint-Clément-de-Rivière, au nord de Montpellier, a été abandonné par ses promoteurs.

Cette lutte contre l'artificialisation de 24 hectares de terres agricoles en zone périurbaine a été conduite par le collectif Oxygène, regroupant 14 associations locales et soutenue dès le départ par la Confédération paysanne de l'Hérault. Pour le collectif, elle s'inscrivait dans la dynamique de rejet des grands projets inutiles, destructeurs de la biodiversité et des terres agricoles.

Oui, la lutte a duré sept années, ponctuée d'actions de sensibilisation des habitant·es, de plaidoyers diffusés aux élu·es et aux candidat·es à différentes élections, d'actions juridiques (contre le permis de construire, le permis d'aménager, l'autorisation au titre de la loi sur l'eau...). Elle a été rendue possible par différentes contre-expertises citoyennes, un soutien financier auquel ont contribué des centaines de personnes et un engagement du collectif sur la durée : rassemblements festifs sur le site, participation aux manifestations « climat », lettre ouverte adressée aux dirigeants du groupe Décathlon (5800 signatures, dont plusieurs dizaines de personnalités scientifiques et autres), etc. (1)
En particulier, nous étions plus de 300 sur le site et les terres menacées, le 25 septembre 2020, pour des semailles et une plantation symbolique d'arbres fruitiers, à l'initiative de la Confédération paysanne, du collectif Oxygène et d'autres organisations. La journée, très réussie, s'inscrivait dans le cadre d'un appel national du collectif « Plus Jamais ça » (2), avec la mobilisation de paysan.nes de plusieurs départements et la présence de Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne.

Ce crescendo de mobilisation a été à l'origine de nombreux articles dans les media locaux et nationaux, montrant l'importance croissante du dossier Oxylane dans l'opinion publique.
Cela s'est concrétisé avec force lors de l'enquête publique pour l'élaboration du Plan local d'urbanisme de la commune de Saint-Clément. Le collectif a lancé un appel pour que de nombreux avis soient déposés, demandant le retour du site en zone agricole. Devant l'ampleur exceptionnelle des avis défavorables au projet de PLU** (3), le commissaire enquêteur a appuyé le classement en zone agricole ; le conseil municipal a suivi cet avis et Décathlon a annoncé l'abandon du projet.

Cette victoire montre toute l'importance de nos luttes collectives contre l'artificialisation des terres.
Et maintenant ? Ces terres ont retrouvé leur vocation agricole, mais les revendications portées pendant sept ans n'ont pas perdu leur force ! Il est urgent de relocaliser les productions agricoles, d'installer des paysannes et des paysans nombreux, pour répondre aux besoins alimentaires de la population (d'autant plus criants qu'on se trouve en bordure d'une métropole comme Montpellier).
Le collectif Oxygène et la Confédération paysanne de l'Hérault vont poursuivre la réflexion entamée pour qu'un projet agroécologique voit le jour sur ces 24 hectares. Dans un premier temps, il s'agit de trouver les moyens de maîtriser le foncier (qui appartient à une grosse indivision familiale). La Confédération paysanne souhaite lancer un travail juridique pour explorer les pistes existantes, mais aussi pour en impulser de nouvelles, se montrer force de proposition.

Paysanne, paysan, métier d'utilité publique ? Il est possible de mobiliser du foncier pour un collège ou tout autre projet d'intérêt général ; il nous semble tout aussi légitime de déclarer d'utilité publique un projet agricole à forte valeur sociale et environnementale. C'est un axe fort de la lutte que nous engageons.

Pierre Deltour, collectif Oxygène et Ami de la Conf'
et Jean-Émile Sanchez, paysan dans l'Hérault