PROCÉS D’AMIENS : UN VERDICT INADMISSIBLE !

Les neuf prévenus.
La Confédération paysanne a interpellé à plusieurs reprises le gouvernement pour qu'il se positionne sur ce projet d'usine des 1000 vaches, symbole de l'industrialisation de l'agriculture qui pilonne notre métier et détruit l'environnement. Mr Le Foll a prétendu que ce projet n'était pas son modèle agricole, mais il n'a rien fait pour s'y opposer, ni dans la Loi d'Avenir de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Forêt, ni par un autre texte législatif. En définitive, nous n'avons pas la même vision de l'avenir de l'agriculture que ceux qui nous gouvernent, et nous le faisons apparaître au grand jour. De façon pacifique nous avons posé des actes pour obtenir des engagements politiques. Mais nous n'avons reçu comme seules réponses... Les menottes et le tribunal !
Alors que nous exerçons notre rôle de lanceurs d'alerte auprès de nos concitoyens face à l'inaction des politiques et à la lenteur de la justice à traiter les plaintes déposées contreMichel Ramery, géant du BTP, promoteur et gérant de l'usine des 1000 vaches; traduire individuellement des militants syndicaux pour répondre d'une action collective, démontrait clairement une volonté decriminaliser l'action syndicale, et de laisser Michel Ramery poursuivre son projet destructeur en toute impunité.
Le 28 octobre 2014, neuf militants de la Confédération Paysanne, dont Laurent Pinatel, porte-parole national et Thierry Bonnamour, de la Confédération Paysanne de Savoie, comparaissaient donc devant le tribunal d'Amiens. Notons que les charges retenues contre nos militants semblaient disproportionnées. La qualification de « vol et recel aggravés » apparaissait peu adaptée dans la mesure où les pièces de la machine à traite qui ont été démontées, sans dégradations, ni violence, ont été immédiatement amenées au Ministère de l'Agriculture !
Après dix heures d'auditions des prévenus, des témoins, le réquisitoire de la procureur de la République, les plaidoiries des avocats des parties civiles, etc, le jugement est mis en délibéré pour étudier les dommages et intérêts, et surtout pour étudier individuellement les dossiers des neufs prévenus. Habituellement les délibérations sont longues et les jugements reportés à une date ultérieure. Une heure aura suffi pour statuer sur le sort de ces neuf paysannes et paysans ! La justice peut-être expéditive… Et surtout punitive. Elle les a condamnés à des peines d'emprisonnement assorties de sursis, allant de deux à cinq mois, pour Laurent Pinatel qui est le plus condamné. Thierry Bonnamour est condamné à quatre mois. Tous devront payer des amendes de 300 euros pour refus de prélèvement A.D.N. A la lecture du verdict nous constatons :
• Qu'un tribunal expéditif et sourd a acté que l'action syndicale n'est pas légitime ;
• Que les peines prononcées sont plus sévères que les réquisitions du parquet qui avait qualifié le dossier « d'éminemment politique » ;
• Un traitement à deux vitesses selon les syndicats concernés. La répression disproportionnée contre la Confédération paysanne s'inscrit en fait dans deux tendances de fond ; celle, d'abord, d'une criminalisation, d'une violence de l'Etat à l'égard des mouvements citoyens,comme en atteste les derniers évènements à Sivens qui ont aboutis au dramatique décès d'un jeune militant. Celle, ensuite, de L'Etat qui confirme son soutien à l'agriculture industrielle et à son lobby qu'est la FNSEA*. En effet, l'Etat fait preuve d'une grande mansuétude à l'égard des actes criminels commis par ce syndicat. Rappelons que la destruction du centre des impôts et du bâtiment de la mutualité sociale agricole à Morlaix, en septembre dernier, par des légumiers en colère, n'a pas fait l'objet de poursuites…
La Confédération Paysanne Nationale, soutiendra ses militants, qui ont dix jours pour faire appel de la décision du juge. Notre détermination à lutter contre l'agriculture industrielle et l'usine des 1000 vaches reste entière et de nouvelles actions viendront : NOUS NE LÂCHERONS RIEN !
Contacts : Thierry BONNAMOUR, co porte-parole de la Confédération paysanne de Savoie : 09 72 27 87 88
Denis NOVEL, co porte-parole de la Confédération paysanne de Savoie : 06 30 40 48 41