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06.02.2020

Le gouvernement a créé une cellule militaire pour surveiller les opposants à l’agro-industrie.

06.02.2020 -
Notre syndicat a cosigné, avec de nombreuses personnalités et ONG*, une tribune où nous dénonçons la création, par le ministre de l’intérieur sous la pression de la FNSEA*, de la cellule de renseignement Demeter, soi-disant destinée à lutter contre l’« agribashing ». En réalité, le gouvernement veut « faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle ».

 Le 13 décembre 2019, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'est rendu dans le Finistère en compagnie de la présidente de la FNSEA*, Christiane Lambert, dans le cadre d'une convention signée entre son ministère et ce syndicat agricole. Cette première anomalie démocratique — depuis quand la police républicaine est-elle aux ordres d'une structure privée ? — n'est pas la dernière. Ce voyage avait pour but de lancer une cellule de la gendarmerie nationale appelée Demeter, marque reconnue de l'agriculture sans pesticides. Quel en est le but affiché ? La lutte contre «  l'agribashing ». Ce terme est une invention des communicants de la FNSEA*, qui prétend, sans en apporter la moindre preuve, qu'on assisterait en France à une entreprise concertée de dénigrement du monde agricole. Elle permet à ce syndicat de maintenir ce qu'elle fait depuis des dizaines d'années : une pression lobbyiste pour obtenir en retour des avantages économiques.

 

Le ministre, confronté avec son gouvernement à une situation politique difficile, a donc décidé de jouer ce rôle dangereux, affirmant : « Depuis quelques années, un phénomène grandit, inacceptable. De plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes ». Empêtré dans cette imprudente déclaration, le ministre démontre dans le même textequ'il est incapable de prouver par le moindre fait la réalité de ce phénomène. Les chiffres qu'il cite pour 2019 parlent d'eux-mêmes. Il y a encore plus grave. M. Castaner entend s'attaquer, ainsi qu'il l'écrit, aux « actions de nature idéologique, qu'il s'agisse de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ou d'actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques ». Cette fois, on aura compris : il s'agit de faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l'agriculture industrielle, dont la FNSEA* est le principal soutien.

 

La démocratie, ce n'est pas pactiser avec les lobbies dans le dos de la société

 

Qui mène « des actions symboliques » contre ce système ? Le mouvement des Coquelicots, qui réclame la fin des pesticides, soutenu par un million de citoyens. Les maires qui prennent des arrêtés contre ces poisons chimiques. Des dizaines de milliers de paysans qui ont déjà choisi l'agriculture biologique. Beaucoup d'autres, qui défendent le modèle de l'agriculture paysanne contre les projets délirants d'usines à vaches, à cochons ou à poulets. Et au total des centaines de milliers de citoyens engagés contre l'importation massive de soja transgénique et donc l'élevage industriel, contre la mort des oiseaux et des insectes, pour des rivières débarrassées de la pollution et des rivages sans algues vertes, enfin pour une alimentation de haute qualité.

 

Il ne fait aucun doute, à nos yeux, qu'une ligne a été franchie. La démocratie, ce n'est pas pactiser avec les lobbies dans le dos de la société. Et quand le ministre parle « d'améliorer la coopération avec le monde agricole et de recueillir des renseignements », chacun comprend ce que cela veut dire. Cela signifie l'intimidation accrue de tous les adversaires décidés de la FNSEA*, qui passe nécessairement par la surveillance électronique et informatique, d'éventuelles écoutes téléphoniques, voire des filatures, des infiltrations, ou pire encore, la délation.

 

Nous prévenons solennellement le gouvernement que nous refusons cette criminalisation et que nous demandons le démantèlement de la cellule Demeter. Notre contestation de l'agriculture industrielle, non-violente, se fait et se fera au grand jour, dans la conviction d'exprimer la volonté majoritaire de la société française. Nous voulons beaucoup de paysans, beaucoup plus de paysans, heureux et fiers de leur métier, enfin payés au prix convenable pour leur participation au bien commun. C'est en effet un autre monde que celui de la FNSEA*.

CONTACT : Denis NOVEL, polyculteur-éleveur, porte-parole départemental : 06 30 40 48 41.


Crédits photos : CPN
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